samedi 28 février 2015

Décès de la romancière algérienne Assia Djebar

L’écrivaine algérienne Assia Djebar, membre de l’Académie française, est décédée vendredi 6 février à 78 ans dans un hôpital parisien, trois ans après avoir été pressentie pour le prix Nobel de littérature, a annoncé samedi 7 février la radio publique algérienne.

 
La romancière, qui était également cinéaste, sera enterrée, selon ses vœux, dans son village natal de Cherchell, en Algérie, la semaine prochaine.

Née à Cherchell, à l’ouest d’Alger, le 30 juin 1936 dans une famille de petite bourgeoisie traditionnelle (son père était instituteur), Assia Djebar est une historienne et écrivaine algérienne d’expression française, auteure de romans, nouvelles, poésies et essais. Elle a également écrit pour le théâtre et a réalisé plusieurs films. Considérée comme l’une des auteures les plus célèbres et influentes du Maghreb, elle a fait son entrée à l’Académie française en 2006.

Une brillante étudiante

Après des études secondaires en Algérie, elle est la première Algérienne à intégrer l’École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres, où elle choisit l’histoire. En 1956, suivant un mot d’ordre des étudiants algériens, elle boycotte ses examens. L’occasion pour elle d’écrire, à 19 ans, son premier roman, « La Soif », sous le nom de plume d’Assia (« la consolation ») Djebar (« l’intransigeance »). « C’était un air de flûte qui continue à être entendu et à être juste », dira-t-elle des années plus tard.
En 1999, elle soutient sa thèse à l’université de Montpellier, une thèse originale puisqu’elle est autobiographique et porte sur sa propre œuvre : « Le roman maghrébin francophone, entre les langues et les cultures, quarante ans d’un parcours ».

 

Une femme engagée

Dans sa jeunesse, elle prend le parti de l’indépendance de l’Algérie, alors sous domination française, mais décide d’écrire en français. S’ensuivront une quinzaine de romans depuis « Les Impatients » (1958) jusqu’à « Nulle part dans la maison de mon père » (2007) en passant par les plus connus, « L’amour, la fantasia » (1985) ou « Ombre sultane » (1987), qui, pendant plus d’un demi-siècle, plaident pour la démocratie, le droit des femmes et le dialogue des cultures, « contre la régression et, souvent, contre la misogynie », a rappelé le président de la République François Hollande dans un communiqué.

 

Une créatrice touche à tout

De 1959 à 1966, elle vit au Maroc puis en Algérie où, professeure d’histoire moderne et contemporaine à l’université d’Alger, elle refuse d’enseigner en arabe littéraire. Jusqu’en 1975, elle vivra alors entre l’Algérie et la France avant de s’installer dans ce dernier pays en 1980 pour se consacrer à l’écriture. Elle réalise deux films dont « La Nouba des femmes du mont Chenoua » en 1978, un long-métrage qui lui vaut le Prix de la critique internationale à la Biennale de Venise en 1979.
Durant la décennie noire (1992-2002), elle ne retournera qu’une seule fois en Algérie, pour l’enterrement de son père. En 1999, elle est élue à l’Académie royale belge au siège de Julien Green et, en 2005, à l’Académie française, succédant à Georges Vedel. La langue française est pour elle le « lieu de creusement de mon travail, tempo de ma respiration au jour le jour », dira-t-elle lors de sa réception sous la Coupole. Son œuvre littéraire sera traduite en 23 langues. Elle enseignera également le français dans différentes universités américaines.


 

La romancière est enterrée, selon ses vœux, dans son village natal de Cherchell, à l’ouest d’Alger.